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5 avril 2012

LE FILM DE PIRATES : UNE INCURSION BRITANNIQUE (1933-1939)

NOTES SUR LE FILM DE PIRATES (3) par Hubert de Mauvouloirkorda-uaphoto

Une incursion dans le cinéma britannique d’avant-guerre : 1933-1939 (première partie)

A la veille du second conflit mondial, le cinéma anglais est à la recherche de son identité. Le vote du Quota Act (1927) a amélioré la diffusion des films britanniques (de 7,5 % en 1928 à 20% en 1936). Leur nombre ne cesse d’augmenter, dépassant même la France dans ce registre avec 225 films produits en 1937. Par ailleurs, la création de nombreux studios et firmes de production (1931) et la fondation de la Cinémathèque britannique (British Film Institute, 1933) sont autant de facteurs déterminants dans le renouveau économique du cinéma anglais. Paradoxalement, ce regain ne se manifeste pas artistiquement. La quantité prévaut sur la qualité et hormis quelques jeunes réalisateurs prometteurs (Michael Powell entre autres), il y a peu de choses à retenir au sein d’une abondance de films réalisés par des tâcherons sans grande envergure. Ces productions sont d’ailleurs souvent le fruit d’accords passés avec les filiales anglaises des grandes compagnies américaines. Plus que jamais le cinéma anglais est sous tutelle, et l’exode des talents vers Hollywood ne facilite pas les choses.

197708-1 Sous l’impulsion de producteurs volontaires et ambitieux, (Basil Dean, Michael Balcon, Herbert Wilcox, Alexander Korda) le cinéma anglais va cependant retrouver une certaine vitalité, insuffisante toutefois pour conquérir le marché étranger, américain en particulier. Le nouveau Quota Act, voté en 1938, va alors imposer un coût minimum par mètre de film. Cette mesure aura deux aspects bénéfiques : elle éliminera les "quota quickies", ces longs métrages réalisés à la hâte pour satisfaire les quotas, et elle facilitera la mise en œuvre de coproductions anglo-américaines de qualité, revigorant artistiquement, techniquement  et économiquement le cinéma britannique. L’entrée en guerre de l’Angleterre, le 3 septembre 1939, ne réduira pas à néant tous les efforts entrepris ; si des films de propagande prennent largement le pas sur les films de fiction, le cinéma anglais se sait sur la bonne voie. L’après-guerre le confirmera.

Les années 30 du cinéma britannique seront marquées par deux grands courants : le film documentaire (autour de John Grierson) et le film historique (énorme succès de The Private life of Henry VIII , Korda, 1933). C’est bien évidemment à ce dernier courant, seul capable de rivaliser avec les productions américaines, que se rattachent les rares films de pirates produits dans le Royaume-Uni à cette époque. Le répertoire est en effet très limité et s’inscrit dans une optique délibérément historique, tendance déjà remarquable au temps du muet. Le mythe de Nelson va laisser place à celui, tout aussi prestigieux, de Francis Drake, qui défia l’Invincible Armada au 16ème siècle. La fierté britannique, en ces années de trouble et de doute, voit là matière à se rassurer. Effectivement en l’espace de quatre années, trois films vont faire revivre cet éclatant succès sur la flotte espagnole.

Jack Ahoy (Walter Forde, 1934) est le moins fameux des trois et mérite à peine d'être cité. Il s’agit en fait d’une comédie allégorique où le personnage joué par Jack Hulbert tente de conquérir la fille d’un amiral en affrontant seul une meute de pirates chinois. Walter Forde, ex-acteur passé à la réalisation, jouit pourtant d’une certaine estime (notamment pour ses mélodrames) mais son œuvre et sa réputation n’ont que trop rarement franchi les frontières.

fire2Arthur Woods donne une version plus rigoureuse l’année suivante avec Drake of England (1935). On n’en sait  pas beaucoup plus sur ce film si ce n’est qu’il fut produit par Bristish International Pictures et distribué aux Etats Unis sous le titre Drake the Pirate. Matheson Lang y tient le rôle de Francis Drake et Athene Seyler celui d’Elizabeth.

Autrement plus renommé est L’Invincible Armada de William K. Howard,(1937), dont le titre original (Fire over England) laisse entrevoir certaines inquiétudes. L’initiative en revient à Alexander Korda et à sa firme la London Film Production. Korda, désireux depuis longtemps de tourner un film sur la Reine Elizabeth, va contribuer au renouveau du cinéma historique, amorcé avec The Private life of Henry VIII. Après avoir acheté les droits du roman à A.E.W Mason, et en avoir confié l’adaptation à un écrivain anglais Clemence Dane, il fait donc appel à William K. Howard, jeune réalisateur américain promis à une belle carrière au vu de ses premières réussites (Sherlock Holmes, 1932, et The Power and the glory, 1933). La distribution ne souffre pas la moindre contestation aux yeux de Korda : le personnage d’Elizabeth est taillé sur mesure pour Flora Robson, les deux autres rôles principaux étant confiés à Laurence Olivier et Vivien Leigh (qu’on retrouvera dans Lady Hamilton, Korda, 1941).

Si la critique salua la composition convaincante de Flora Robson, elle se montra plus réticente quant à la performance du couple Olivier-Leigh, la faute en incombant surtout au jeu trop théâtral de l’acteur. Aussi les scène intimistes et de cour apparaissent-elles froides et sans vigueur, comparées aux scènes de combats et d’abordages, typiques des productions de Korda (le « Korda panache »). L’Invincible Armada reste le dernier film important d’un réalisateur bien oublié aujourd’hui. Pour la petite histoire, le film obtint en France la Médaille d’or du Comité International pour la diffusion littéraire artistique et pour le cinéma. Une distinction à laquelle n'est pas étranger James Hong Howe, extraordinaire chef opérateur d’origine chinoise (Shangaï Express, Viva Villa, Aventures en Birmanie…)  A SUIVRE...

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Commentaires
D
Cher monsieur de Mauvouloir,<br /> <br /> Bravo pour cet article très complet. J'ignorais que Clemence Dane était aussi auteur de scénarios. Savez-vous qu'elle est aussi l'auteur d'un roman culte, Legend, qui, si ma mémoire est bonne, n'est fait que de conversations ? Il était autrefois disponible en 10/18.
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