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Des films, des musiques, des livres, des BD... vraiment bath !
24 avril 2013

EDWARD LUDWIG par LOUIS SKORECKI

736EDWARD LUDWIG par LOUIS SKORECKI

Cette photo un peu floue d'un homme un peu gros, plus très jeune, au
physique ingrat, c'est celle d'Edward Ludwig. Edward Ludwig? Prise devant les studios Allied Artists, au milieu des sixties, elle témoigne de la situation pathétique d'un formidable petit maître hollywoodien, alors sur le retour, auteur exalté de Jivaro (l'Appel de l'or, 1954), étonnant chef-d'oeuvre en mineur, conçu pour 3D, amazonerie d'amour et d'aventures avec Fernando Lamas et la rouge Rhonda Fleming. A ses patrons d'Allied Artists, les mêmes rapaces qui faisaient tourner Dwan et Fuller (ses meilleurs films), Ludwig avait dû demander la «permission» de s'entretenir avec le journaliste français. Il n'avait jamais été interviewé auparavant. Il mourra dans l'anonymat, fier, timide, toujours un rien slave (né en 1899, transplanté très vite en Amérique, il signe à 30 ans l'étonnant Steady Company), sans que jamais personne ne pense à lui ­ artisan hollywoodien de la trempe d'un Edgar Ulmer, plus baroque que Joseph H. Lewis, proche de Jacques Tourneur dans ses obsessions aphasiques, ses peurs viscérales, ses cauchemars bariolés ­ pour lui poser une ou deux autres questions. Ludwig, artiste obscur de vraie série b, a donné au cinéma bis quelques-uns de ses plus beaux baroquismes, dans une flamboyante série d'aventures maritimes (le Réveil de la sorcière rouge, 1948, rôle favori de John Wayne; le Trésor des Caraïbes, 1952; Sangaree, 1953) et surtout dans le mortel Gun Hawk (le Justicier de l'Ouest, 1963), variations western ultimes, testament oedipien, babélerie juive. Dans ses rêves rauques, Gun Hawk, le faucon/revolver, fauche tout sur son passage. Il agrippe. Il mord. Gun Hawk, faucon tueur, tue l'adversaire avant d'être lui-même tué. Suicidaire Doc Hollyday, il n'a rien à perdre. Il est condamné de toute façon. L'acteur Rory Calhoun était, en 1963, ce faucon assassin, cet oiseau noir, ce tueur de nuit. A l'écran, on le voit littéralement se décomposer, pourrir, mourir. Peu à peu, son visage se cerne davantage, s'obscurcit, jaunit. Un dernier duel vainqueur, un dernier rictus. L'instant d'après, il est mort. Edward Ludwig, lui, succomba plus lentement, plus obscurément. Mais qui dit que ses rêves n'étaient pas aussi cancéreux, aussi pavillonnaires, aussi noirs?.

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