L'ATTAQUE DE FORT DOUGLAS (DVD)

L'Attaque de Fort Douglas (Mohawk, Kurt Neumann,1956) édité ces jours-ci par Artus, suscite bien des controverses et les motifs ne manquent pas pour éviter l'achat de ce DVD. La jaquette pour démarrer, maladroitement aguicheuse, vilaine pour tout dire, et qui omet les noms des réalisateurs et des acteurs. Une fois ce cap franchi, les soucis vont commencer : l'image est au mieux correcte, au pire baveuse. Il faut dire que les nombreux emprunts au film de John Ford (Drums along the Mohawk, 1939) ne facilitent pas les choses : les raccords sont incertains, les scènes diurnes et nocturnes se chevauchent dans un montage anarchique sidérant. Reconnaissons toutefois l'assez subtile intégration de la scène de la longue poursuite à pied avec les Mohawks, scène qui a vraisemblablement inspiré Hugo Pratt dans son Fort Wheeling. On préfèrera oublier les incohérences historiques et scénaristiques et constater avec amusement que ces Mohawks (à l'allure de Teddy boys) ne résisteront pas au premier coup de canon...

La réalisation est donc plus que poussive, les moyens limités, les passages musicaux ratés. Difficile de croire à la motivation de Kurt Neumann, bien plus inspiré par les histoires de mouche et d'homme-singe. Les acteurs ne déméritent pourtant pas : Scott Brady incarne assez finement Jonathan Adams, peintre pacifiste et volage, bien plus préoccupé par ses tableaux et ses modèles, féminin et bovin, que par les conflits qui menacent. Il est vrai que le séduisant trio Rita Gam - Lori Nelson - Allison Hayes lui donne bien du fil à retordre. Rita Gam, squaw aux yeux bleues et poétesse à ses heures, n'est pas une grande actrice mais son charme compense largement, de même que son improbable pantalon pattes d'eph' en daim. Le film recèle quelques moments fort plaisants, voire émoustillants. Si les scènes d'action sont au final réduites (et surtout issues de la version de 1939), les scènes plus intimistes sont décapantes et bucoliques à souhait : on n'oubliera pas Allison Hayes posant pour Scott Brady dans un cadre champêtre, et on s'attardera forcément sur Rita Gam et ses consoeurs squaws, toutes en petite tenue, jouer au frisbee (!) près du lac et taquiner à leur tour le peintre. La scène se conclura torridement sur la berge et n'a guère d'équivalent dans le genre. Bref, ce western pro indien est bancal et naïf, mais on en ressort franchement guilleret, et incité à revoir le film de Ford. Soixante-dix-huit minutes de plaisir béat, avec ce moment de grâce réjouissant, autour de la 42e minute. Merci, Artus.

Comments

[Badticket]

Un petit mot sur les bonus : la bande annonce n'en est pas une, et les commentaires de Ramaioli, aussi érudits et avisés soient-ils, sont un tantinet fastidieux... 45 minutes, c'est long et revisiter les filmographies de tous les acteurs, seconds rôles compris, est un exercice purement superflu.