Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Des films, des musiques, des livres, des BD... vraiment bath !
23 mars 2012

MOONFLEET, QUESTION D'HONNEUR

moonfleet11NOTES SUR LE FILM DE PIRATES (2)

Les réalisateurs sont rarement les mieux placés pour juger leurs films. Ainsi Fritz Lang ne tenait pas Moonfleet (1955) en haute estime. Et pourtant, nous n’en dirons jamais assez la splendeur.

Librement inspiré de l’œuvre de John Meade Falkner, remarquable et méconnu écrivain anglais, Moonfleet est à la fois une oeuvre alimentaire et un merveilleux écrin. Le film, qui s’appuie sur une distribution sans faille (Granger, Whiteley, Sanders, Lindfors…) a t-il cependant sa place parmi les films de flibuste ? Non, si l’on prend en compte les rares scènes maritimes (essentielles toutefois), oui, si l’on s’attache au climat, à l’ambiance, aux personnages, et évidemment à l’intrigue, qui évoquent l’Ile au trésor. Si la mer se fait rare, elle reste toujours proche, par le biais des tavernes, du château, du cimetière, de la lande, bref de la côte. Et le film s’ouvre et se conclut sur elle du moins si l’on considère que la mort de Fox constitue la vraie fin du film (celle qu’aurait souhaité Lang).

Moonfleet, comme l’Ile au trésor, est une œuvre de formation ; une réflexion sur la découverte et l’appréhension du monde par un enfant (Jim Hawkins ici, John Mohune là). Cette initiation, cet apprentissage s’effectuent au contact d’adultes aux comportements douteux (Long John Silver, Jérémy Fox) et sur la base d’intrigues similaires : la quête et la préservation d’un trésor (un diamant dans Moonfleet). Mais là cesse alors toute convergence car si l’Ile au trésor est en fait un immense rêve dans lequel plonge tout éveillé Jim Hawkins, (il n’en tient pas moins les rênes, ordonnant et s’affirmant comme adulte dans un monde d’adultes), Moonfleet a tôt fait de tourner au cauchemar pour le jeune Mohune, soumis à des forces troubles et malsaines, que seule l’amitié naissante de Jeremy Fox lui permet de supporter.  La conquête de cette amitié s’avère aussi déterminante que celle du diamant ; elle devient finalité alors que celle qui lie Jim Hawkins à Long John Silver est davantage de l’ordre de l’opportunisme, dans l’optique d’un but commun et avoué : la conquête du trésor.

moonfleet01Sur une remarquable partition de Miklos Rosza, Lang utilise pour la première fois le cinémascope. S’inspirant des tableaux de Hogarth, il restitue magnifiquement l’univers de corruption et de débauche dans lequel se débattent Mohune et Fox, l’un consentant à y entrer pour honorer l’adulte, l’autre finissant par en sortir pour honorer l’enfant.

(Hubert de Mauvouloir)

LES CONTREBANDIERS DE MOONFLEET (Moonfleet, 1955)

Un film américain de Fritz LANG avec Stewart GRANGER (Jeremy Fox), George SANDERS (Lord Ashwood), Joan GREENWOOD (lady Ashwood), Viveca LINDFORS (Madame Minton) et Jon WHITELEY (John Mohune)

 

Publicité
Publicité
Commentaires
D
Je n'ai pas encore vu ce film sur ma fille, je n'ai vu que celui sur la fille de Frankenstein...
Répondre
D
Etes vous bien placé, dr Jekyll, pour évoquer ce fameux " père idéal " ? Revoyons ce qu'il advint de votre fille dans le film d'Ulmer (1957) avant de nous prononcer...
Répondre
D
Oui, Moonfleet est bien "une oeuvre de formation", c'est d'ailleurs moins la quête d'un trésor que la quête d'un père, un père idéal...
Répondre
Des films, des musiques, des livres, des BD... vraiment bath !
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 3 360 107
Des films, des musiques, des livres, des BD... vraiment bath !
Derniers commentaires
Publicité