N'OUBLIONS PAS LUCIO MAD
Professeur Lu, Sugar Brown, Buddy Schulberg, Dundar Aziz Ouedraogo, tous nous ont quittés par une sale journée d’août 2005, quand Lucio Mad, s’est fait la malle, direction Paradis B, embarquant avec lui ses pseudos et ses projets.
Rarement on aura connu personnage aussi éclectique. Il publia aussi bien chez Gallimard (Les Trafiqueurs, Paradis B ) qu’au Fleuve Noir, se fendit d'un Poulpe, chroniqua régulièrement pour la presse musicale. Il partageait son temps entre l’Afrique et Pigalle, aimait les Stones, le rap, les panneaux de coiffure, et le wolof qu’il maîtrisait parfaitement. Il pouvait parler des heures de Kourouma, de Philippe Soupault ou de Russ Meyer, regrettait le temps béni du cinéma bis italien et suivait de près les choses du foot et du vélo. Surtout, il savait nous faire partager ses passions et ses coups de coeur avec un enthousiasme contagieux.
Sans lui, quid d’Abasse Ndione et de la Poésie Urbaine ? Et qui pour reprendre le flambeau de ce genre nouveau, le Haï – Q, inauguré à Ouagadougou, et dont il n’était pas peu fier ? Sa dernière création fut un succès : la mise en scène de Consulat Zénéral, une pièce écrite par sa compagne Aminata Zaaria, et il s’apprêtait à publier un nouveau roman au titre prometteur : Rock and roll.
Son dernier séjour africain aura eu pour cadre le Burkina Faso, qu’il aimait tant, et qui le lui rendait bien. Même si son cœur était, on le sait, sénégalais à vie. Tchax, Lucio.
(dessin de Lazoo)